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Shankaracharya (788 – 820)

L’oeuvre de Shankara se compose de nombreux commentaires (bhashyas) de textes traditionnels: Brahmasutras, Upanishads, Bhagavad-Gita… Rares sont les éditions des Upanishads, en Inde comme dans le reste du monde, qui ne sont présentés avec les commentaires de Shankara. 

Au cours de ses visites des lieux saints et des principaux pèlerinages, il provoquait constamment des débats avec les représentants des autres écoles, qu’elles fussent orthodoxes ou hétérodoxes. Shankara, par son implacable logique, démentait toute argumentation. Loin de combattre les autres systèmes philosophiques, l’advaïta vedanta les éclaire au contraire de l’intérieur et montre qu’une vérité, un principe unique transcende l’ensemble. La dévotion à un Dieu particulier n’est pas une fin en soi. Elle permet de s’élever, de fixer l’attention sur quelque chose de sublime et de divin, mais c’est par la connaissance du Soi que l’on accède au stade ultime. Toute adoration doit conduire finalement à la perception du Réel omniprésent.

Shankara entreprit de purifier le rituel tantrique. Il écrivit lui-même un ouvrage de louanges à la Déesse: le Saundarya Lahari,dans lequel il parle des chakras et de la Kundalini. Dans cet ouvrage il montre l’importance de l’abandon (surrender) au divin, en l’occurrence à la Déesse, qui détient tous les pouvoirs. Shri Mataji dit: ” Adi Shankaracharya a écrit le Vivekachudamaniet tant d’autres livres et traités, mais tous les grands intellectuels lui sont tombés dessus. Il a préféré oublier ces gens. Alors il a écrit le Saundarya Lahari, qui est juste la description de la Mère et de sa dévotion envers Elle ; chacun de ses couplets est un mantra”. A quoi bon acquérir tout ce savoir si l’on est pas béni par la Déesse ? Shankara organisa une réforme religieuse (il créa dix ordres d’ascètes) afin de lutter contre la décadence des moeurs et des rites que connaissaient beaucoup de temples à cette époque.

Shankara est un pédagogue accompli et un maître intransigeant. Il n’oublie pas même les recommandations d’attitude que l’aspirant doit avoir pour aborder la matière upanishadique. Ses injonctions sont claires et directes.

Ecoutez donc la signification du passage révélé en abandonnant toute vanité, car la vanité n’a nulle place dans cette étude; le sens réel du Veda ne pourra jamais être compris, même en cent années, par ceux qui  prétendent être savants.(Prashna up. bhashya).

Le Soi doit être connu ici même, dans cette vie. Tel est le précepte. Si le Soi est connu ici, il y a alors vérité suprême et le but de l’existence sera atteint ; telle est l’intention. Si le Soi n’est pas connu, la vie est inutile. (Katha up. bhashya)

Le coeur est un morceau de chair en forme de lotus; siège de la force vitale, il qui s’ouvre par plusieurs canaux, et a sa tige en haut, sa pointe en bas. Il est visible quand un animal est disséqué. A l’intérieur du coeur est l’espace bien connu, qui est comme l’espace à l’intérieur d’un pot d’eau. A l’intérieur existe cet Etre qui a été mentionné précédemment.(Taittiriya up. bhashya)

Il y a cent et un canaux qui sortent du coeur de l’homme. L’un d’entre eux, appelé sushumna, est orienté vers le haut en direction de la fissure pariétale. Au moment de la mort, on doit maîtriser son esprit et le maintenir fermement fixé dans le coeur. Par ce canal allant vers le haut, par l’intermédiaire du soleil, on atteint à l’immortalité (…). (Katha up. bhashya)

Le célèbre passage de la Brihad-aranyaka Upanishad “le Brahman n’est pas ainsi, pas ainsi” inspire particulièrement Shankara. La nature du Brahman est d’abord et proprement indéfinissable.

Comment par ces deux termes: pas ainsi, pas ainsi (neti neti), peut-on décrire le réel du Réel?… Par l’élimination de toutes différences causées par les limitations, les marques distinctives telles que le nom ou la forme, l’activité ou l’hétérogénéité, les espèces ou les qualités. Les mots désignent des choses par l’un ou l’autre de ces facteurs de distinction. Mais le Brahman n’a aucune de ces marques distinctives.